Glace écrasée

CATASTROPHE, SI JE LÂCHE PRISE, JE TOMBE !

CHAPITRE 1

Le lâcher prise est un sujet qui me tient particulièrement à cœur. J’ai réalisé il y a plusieurs années que je ne savais absolument pas le pratiquer, et que cela me compliquait la vie. Depuis je travaille ardemment sur le sujet 😊. Je ne suis pas arrivée au bout, mais je suis en bonne voie🎯. Je vois également que ce sujet est relativement récurrent dans mes accompagnements.

Qu’est-ce donc que ce fameux lâcher prise dont on entend si souvent parler ?

Il n’y a rien de plus facile à dire ni de plus difficile à faire que de lâcher prise.

Santoka, POETE JAPONAIS DU 18EME SIECLE

Lâcher prise, c’est arrêter de vouloir avoir une prise sur des éléments (évènements ou personnes) sur lesquelles nous n’avons pas de prise. C’est arrêter de vouloir contrôler notre environnement et nous-même sur des points sur lesquels nous ne pouvons avoir le total contrôle.

Ce sujet fera l’objet de plusieurs articles, dont le premier parlera de l’inverse du lâcher prise, le contrôle🛂.

Quelques explications préliminaires

Encore un coup de notre cerveau 🧠

Notre cerveau a pour objectif premier de nous mettre en sécurité, de nous éviter les dangers. Pour cela, il a créé la peur. La peur est initialement un état passager : face à un évènement potentiellement dangereux, la peur active instantanément des mécanismes de défense : fuir devant le lion prêt à attaquer.

Dans un environnement que je qualifierai de normal, l’homme n’est pas constitué pour vivre en permanence dans la peur. (Mettons de côté les personnes vivant dans des conditions permanentes de peur extrême). Pour éviter la peur, certains vont mettre en place des stratégies de contrôle, leur permettant d’éviter le risque. Contrôle des émotions, du temps, des relations, du corps…

Si je contrôle mon environnement, et si j’arrive à me contrôler moi-même, je diminue l’imprévu, et par là même je diminue le risque de danger. Le contrôle est un mécanisme de survie face à l’imprévu.

Je précise que lorsque je parle de contrôle, je ne parle pas de contrôler dans le but de développer mon pouvoir, mais par peur du risque.

Notre cerveau est ravi de cette stratégie de contrôle qui va dans le sens de la protection, de la préservation de l’espèce. Et comme toujours avec notre cerveau, il va nous démontrer que cette stratégie est la meilleure et qu’il ne faut surtout pas la changer. Car la changer entraînerait un risque, un danger. Retour à la case départ 😶‍🌫️

L’hyper-exigence

Un autre élément majeur du contrôle est la notion de perfection, d’hyper-exigence. Cette hyper-exigence envers soi-même et envers les autres ne vient pas d’un désir de satisfaction personnelle, mais d’un besoin de limiter les risques. Si tout est parfait, il y a moins de risques qu’il arrive quelque chose de négatif.

Cette exigence envers nous-même et envers les autres peut être excessive. Je n’ai par ailleurs pas remarqué qu’elle était systématiquement corrélée au niveau d’enjeux ; j’ai pu être hyper-exigeante avec mes enfants pour des broutilles, en me cachant derrière le fait que c’était capital pour une bonne éducation.

La perfection est toute relative et n’a pas de limite, elle peut être un puits sans fond, nous amenant à ne jamais être satisfait. Et comme pour le contrôle, nous n’en avons pas conscience.

Nous avons de fait beaucoup de difficultés à identifier lorsque nous sommes dans le contrôle ou l’hyper-exigence, et encore plus de difficultés à envisager que ce fonctionnement n’est pas le plus adapté.

Comment repérer notre (hyper-)contrôle ?

Cette question n’est pas si anodine que cela et il m’aura fallu des années pour changer ma croyance sur le sujet. Pour moi je n’étais pas dans le contrôle ! « J’étais organisée, responsable, cartésienne, douée pour anticiper les choses. Et c’était toutes ces « qualités » qui me permettaient d’être performante ! Je ne pouvais tout de même pas laisser les choses aller à vau-l’eau ! Si personne ne s’en occupait il fallait bien que je le fasse. Et ceux qui n’agissaient pas ainsi, on voyait bien ce que ça donnait après. Non performance, toujours à corriger…. » Etc etc

Pour y voir plus clair, un de mes clients m’a récemment demandé de lui donner des exemples de ce que pouvait être le contrôle.

Quelques exemples pour sourire de moi-même

Le sac pour la nounou 👗🧦

La nounou de ma fille ainée était vraiment géniale. Afin de laisser dormir ma fille plus longtemps, c’est elle qui l’habillait le matin. De fait, le dimanche soir je préparais son sac de pensionnaire avec les vêtements pour les 5 jours. Je le faisais religieusement avec beaucoup d’amour.  Je rangeais tout dans le sac, en paquets, avec les hauts, bas et chaussettes assortis. J’aimais imaginer mon BB habillée ainsi. Je vous rassure, je n’allais pas jusqu’à mettre des étiquettes attachées aux paquets avec le jour de la semaine (quoique cela a bien dû me traverser l’esprit 😊). Mais Nounou ne voyait pas les choses de la même manière, elle était beaucoup plus créative et aimait le mélange des couleurs. Le soir je récupérais mon amour toute mélangée ! Je hurlais intérieurement, et prenais énormément sur moi pour ne rien dire. Car au fond de moi je savais bien que mon petit bout n’en n’avait cure, et que l’important pour elle était d’être choyée, ce qui était largement le cas.

Préparer vêtements

La planification des vacances d’été 🗓️

Si je ne planifiais pas nos vacances estivales début janvier, nos vacances étaient en péril. Et je ressentais au fond de moi une forte angoisse. Mon cerveau m’alimentait de bonnes raisons 🧠 : « plus tard nous ne trouverions jamais une location correcte, les prix allaient augmenter, on ne pourrait pas aller où on voulait. Et puis avec des enfants on ne peut pas se permettre de partir à l’aventure. C’était à moi de le faire car mon mari ne pourrait pas faire attention à tous les détails, et il y avait trop en jeu.»

Que faire des WE ?🍻

Pour être honnête, le mal était déjà présent en moi bien plus jeune. Au début de ma vie active, les WE n’étaient plus rythmés par les cours à travailler, ils étaient libres. Quelle angoisse ! Dès le début de semaine, il fallait que je sache ce que j’allais faire le WE suivant. Je ne prévoyais pas tout en détails, mais à minima la soirée du samedi. Sans cela c’était un réel inconfort, avec le sentiment que le WE serait vraiment nul ! Ce n’était pas acceptable pour moi.

Dans ma vie professionnelle🏢

Dans mes premières années professionnelles, une partie de mon job consistait à planifier. Planifier la production, planifier les approvisionnements, bref anticiper. Cela m’allait comme un gant.

Plus tard, lorsque j’ai débuté le management, les process étaient sous contrôle, les indicateurs me rassuraient (ou me désespéraient), mais ils étaient tangibles.

Je mettais la situation sous contrôle.

Comme je l’ai déjà mentionné dans un précédent article, je passais peu de temps à échanger avec mes équipes. Cela n’était pas productif. Je n’étais pas très chaleureuse, pas souriante, hyper concentrée. Et tout cela sans même m’en apercevoir. Inconsciemment je me disais qu’il était dangereux de perdre du temps avec tout ça, que cela ne servait pas à grand chose.

Je courais partout, étais débordée tout le temps car forcément :

Lorsque l’on veut tout contrôler, ne rien laisser au « hasard », cela prend du temps.

Mais le pire était que j’étais persuadée d’être cool, sympathique, humaine… Et je ne comprenais jamais pourquoi on me renvoyait l’image de quelqu’un de dure, pas très avenante, alors que mon intention était tout autre. Je devais frôler un état de dissociation 😊, entre ce que je voulais être et ce que j’affichais.

Masque blanc

Et chez les autres ?

Dans la vie de Juliette 💪

Je vous présente Juliette que j’ai accompagnée il y a plus d’un an. Juliette désirait être plus assertive avec son équipe. Et tous les exemples qu’elle me donnait montraient qu’elle était en fait très directive. Dans sa représentation inconsciente (car elle ne s’en rendait pas compte), l’assertivité signifiait qu’il fallait qu’elle ait toujours raison, et elle n’acceptait pas qu’on lui dise non. Le non était synonyme pour elle de perte de contrôle, de dévalorisation. Si elle n’avait pas raison, c’est qu’elle avait tort et cela ne pouvait exister. Elle allait donc « au combat » jusqu’à avoir raison.

Les personnes qui veulent avoir toujours raison sont généralement des personnes inconsciemment en hyper-contrôle.

Dans la vie de Patrick ☠️

Patrick était licencié économique. Il voulait profiter de cette période pour réfléchir à un nouveau métier et changer de vie. Seulement Patrick était tellement dans le contrôle qu’il ne pouvait accepter toute prise de risque. Entrer dans le concret de ses idées était difficilement surmontable. Il cherchait un métier différent mais identique au précédent ! Il aura fallu plusieurs mois pour qu’il en prenne conscience. Changer de métier demande obligatoirement d’accepter une part d’inconnu, et une prise de risque. Finalement, lorsque Patrick a pris conscience qu’il ne pouvait changer de métier à ce moment-là de sa vie, il a rapidement trouvé un poste. Patrick est à ce jour très heureux ainsi.

Paul et la folie du confinement😷

Après le premier confinement, j’ai accompagné Paul sur son management à distance. Il venait de vivre des moments vraiment difficiles. Comme beaucoup, il s’est retrouvé du jour au lendemain à devoir piloter son activité avec son équipe à distance. Auparavant, lorsqu’il avait toute son équipe à portée de main, il n’avait pas une posture contrôlante. Mais cette situation inconnue l’a déstabilisé, la peur l’avait envahi. Il fallait qu’il sache ce que chacun faisait, et passait de nombreux coups de téléphones, plusieurs fois par jour, pour obtenir une réponse, passer une information, ou aider ses collaborateurs. Il envoyait des emails et supportait difficilement de ne pas avoir la réponse dans les minutes qui suivaient. Sans le vouloir il était tombé dans l’hyper-contrôle.

Il a pris conscience de ce comportement au début de l’accompagnement. Je l’ai aidé à poser le cadre et il a décidé de baser son management sur de la confiance et du lâcher prise.

Je pense que l’expérience de Paul a été vécue par de nombreux de managers durant cette période.

Face à l’inconnu, les réflexes pour lutter contre la peur se mettent en place.

Pour conclure

Le contrôle peut prendre différentes formes. Généralement, ce comportement est inconscient et donc difficile à modifier. Il faut généralement plusieurs séances à mes clients pour en prendre conscience. Il ne peut y avoir d’autres comportements acceptables, ce serait trop risqué.

Chacun a un niveau de contrôle plus ou moins élevé et je ne veux pas tomber dans la caricature.

Dans mon cas par exemple, mon besoin de contrôle ne m’a jamais empêché de gérer l’imprévu. Et la photo était moins pire qu’elle n’y paraît.

Pour autant, ce comportement que l’on pense nécessaire et justifié, peut être délétère pour nous et notre environnement.

Dans le chapitre 2, je vous expliquerai en quoi l’hyper-contrôle peut-être délétère, et dans le chapitre 3 nous verrons comment modifier nos comportements vers plus de lâcher prise. A suivre…🔔

Si vous désirez ne pas louper les prochains chapitres et rejoindre ma communauté, laissez-moi vos coordonnées

  1. Alain Zimmermann a laissé un commentaire sur 28 juin 2022 at 10h29

    Chère Catherine,

    Ce sempiternel « lâcher prise » qui nous « retient » souvent lors de nos choix. Actuellement, j’écris une anecdote sur un problème de prise mais cette fois-ci, il s’agit de courant électrique où j’ai manqué de « contrôle »…

    J’ai apprécié vos synthèses de personnes accompagnées dont on peut facilement s’y reconnaître. Cela fait du bien ! 👏

    Alain
    Anecd’auteur 📙📗📘

    • catherine a laissé un commentaire sur 28 juin 2022 at 11h32

      Merci Alain pour votre retour. La référence avec la prise électrique est judicieuse, les 2 peuvent faire très mal 🙂
      Catherine

  2. LÂCHER PRISE ! QU’EST-CE QUE J’Y GAGNE ? | a laissé un commentaire sur 7 juillet 2022 at 11h48

    […] le chapitre 1, afin d’illustrer le lâcher prise, je vous ai essentiellement parlé de son opposé, le […]

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